dimanche

Marshmallow.


Sinon dans la vie je suis assez monomaniaque dans mes amitiés.

Quand j'étais en troisième c'était Audrey, que j'avais surnommée Micropets. On étaient assises l'une à côté de l'autre en cours, le soir on s'envoyait des SMS, on s'écrivait des lettres qu'on se donnait en main propre quand on se retrouvait au collège. Quand on était en groupe, pendant les soirées pyjamas ou les cinémas en plein air (la vie de folie qu'on a à 14 ans, tout de même) on était toutes les deux à glousser dans notre coin. Puis on est allées au lycée, chacune dans une ville différente, et c'était fini toute cette complicité.

 Quand j'étais en Seconde, c'était Anne, ou Nuwanda parce qu'on était plus que fans du Cercle des poètes disparus. On avait notre délire avec les caniches qui a prouvé l'étendue de nos talents de stalkers en herbe (t'as vu j'utilise des mots à la mode et tout). On rôdait dans les couloirs, on s'écrivait aussi des lettres, on s'envoyait des tonnes de SMS, on se téléphonait. En première elle est allée en L, moi en S, et c'était encore fini, toute cette complicité.

Puis en première, ce fut Annabelle, ou Nanab, et là on regardait plutôt les prépas pas mal (quand j'y repense ils étaient pas formid' finalement). Mais je pense que c'était moins fusionnel qu'avec les autres. Finalement elle a déménagé à la fin de l'année.

En terminale, c'était Johanne. Cette année-là j'ai découvert MSN, et je pense que ça a un peu été le paroxysme de ce côté monomaniaque. On était pas ensemble en cours, mais pendant tous les interclasses, puis on passait nos soirées à discuter sur MSN, à délirer sur Google traduction ou des moutons ou des bananes qui dansent, ou sur le très célèbre William. Quand on sortait en groupe on restait toutes les deux dans notre coin à continuer nos délires communs.
Encore une fois ça s'est terminé à la fin de l'année, pendant les grandes vacances, à cause d'un garçon peut-être, ou c'était peut-être juste arrivé à bout de souffle, cette amitié.

Après je me suis plutôt consacrée à des amitiés d'Internet, plein et plein de gens avec qui je parlais sur MSN, que je rencontrais en vrai des fois, ça durait des mois ou des semaines, de conversations  jusqu'au milieu de la nuit, pendant des heures, parfois au téléphone, ou sur Skype.
Je sais même plus le nom de tous ces gens mais c'étaient pratiquement que des garçons. Il y a surtout eu Nicolas, de la Suisse naturellement, le p'tit bonhomme, le cowboy et Nicolas de la Belgique, qui est devenu "pomme" pendant quelques années, mais avant cette période-là.

La dernière personne, je crois, avec qui j'ai eu ce côté obsessionnel, c'est Jeunot, et ça fait deux ans, mine de rien ? On s'est envoyé au moins un milliard de SMS. Et puis Jeunot s'est intégré au groupe, s'est rapproché d'Elo, encore plus de Julieta, avec qui il s'est acoquiné, et pouf fini les SMS et les SMS.


[D'ailleurs mon côté monomaniaque fonctionne aussi pour la nourriture, les séries, les films, les chansons, les loisirs créatifs,  j'aime bien partir en boucle sur les trucs.]


Il y a aussi tous les gens qui sont devenus mes amis au cours des années, ceux que j'ai perdus de vue mais surtout ceux qui sont toujours là (je vous cite pas les gars, si j'oublie quelqu'un ça va être enfer et damnation sur sept générations, et surtout j'ai la flemme de faire un ordre alphabétique).

Et puis, surtout, surtout (ouais ça y est j'arrive enfin au coeur de l'article, avoue ça tardait à venir), il y a Youguette.

Youguette, qui, il faut pas croire, avait un prénom avant. Jusqu'en terminale disons, elle s'est appelée Lise, mais c'est fini cette période-là (haha).

Youguette qui fut ma relation monomaniaque de quatrième (c'est mignon dit comme ça), la toute première.
On a endolori nos poignets (carrément) à s'écrire des lettres tous les jours, dans des encres de toutes les couleurs. Je l'ai attendue au moins huit mille heures à la sortie du cours de latin parce que cherche pas elle était TOUJOURS la dernière à sortir. On allait lire les magazines à la sortie des cours, juste les pages intéressantes comme ça on avait pas besoin de les acheter. On a commencé à aller l'une chez l'autre pour préparer un exposé, et c'était pas mal, la pièce aux rats, les jeux de société, tout ça.

Et puis Youguette c'est devenu ma BFF à la vie à la mort, malgré Audrey, Anne, Annabelle, Johanne, les Nicolas, cowboy, petit bonhomme, les autres gens, les autres délires.

J'ai continué à l'attendre, plus en sortant de latin, mais sur le trottoir le matin, pour aller prendre le train et aller au lycée. On a plus jamais été dans la même classe, à part quelques cours en première année de fac, mais on est restées ensemble à la sortie des cours.

On a nos amis en commun, mes petits poteaux, et des amis chacun de notre côté, elle a son emploi du temps de ministre et il faut prendre rdv avec sa secrétaire pour pouvoir la voir, mais ça marche bien comme ça.

Youguette est parfaite quand on va bien. Elle est parfaite quand on va pas bien. Elle peut dire les trucs les plus improbables du monde mais aussi des trucs sensés, j'te jure.

Elle met mille ans à choisir ce qu'elle veut dans les bars et les restaurants et aime bien courir après les trains plutôt que d'arriver à l'heure à la gare, mais il lui faut bien un défaut, hein ?

Youguette c'est la meilleure des meilleures copines et désolé de te dire ça parce que bon, t'as pas la même et je suis la chanceuse de l'histoire, mais faut savoir, quoi.

On a appris un jour en 2006 qu'il fallait pas regarder l'objectif
quand on se fait prendre en photo, ouais ouais.

Maintenant Youguette va accomplir un grand dessein qui va changer la face du monde : elle va créer une armée de petites Youguettes, à l'aide d'une salle de classe et de dizaines de nouveaux enfants à façonner tous les ans.

Pour beaucoup d'enfants, la maîtresse c'est Dieu, alors imagine ces enfants-ci, dont la maîtresse dit "Jeunes gens, la concentration est-elle dans votre corps ?" ou "Je ris comme un poulet. Vous avez déjà entendu un poulet rire ? Il rit comme moi ! Donc ça vous donne une idée." Mais surtout, surtout : "Chez lui y'a une table. C'est un peu le type parfait quand j'y repense."

Ça c'est bien.

La salle de classe elle est là-bas en région parisienne, là où y'a des RER, Mickey et tout.

Ça c'est pas bien.


Parce que bon d'accord, je veux bien, je vais acquérir une carte 12-25 et pif paf pouf Paris me voilà et Youguette me voilà et raconte un peu ce qui t'arrive.

Mais t'as pensé à Nancy un peu ?

Genre on va aller boire un verre ou regarder un film au cinéma ou n'importe, et ça sera pareil mais y'aura pas Youguette, et donc ça sera pas pareil et ça sera moins bien quand même, et moins rigolo même si y'a les autres gens qui disent des blagues ou des trucs bizarres ou du tchétchène.

Et alors par exemple imaginons que je veux voir ma BFF à la vie à la mort pour un truc crucial (comme un nouveau potin) et elle est à plus de 300km, et c'est malin ça mais j'fais comment ? J'veux dire je me suis habituée depuis la moitié de ma vie ou presque à ce qu'elle soit pas loin et c'est bien comme ça, et d'accord OK, je suis pour cette histoire d'armée de mini-Youguette pour diriger le monde dans trente ans et on rigolera plus que maintenant, mais bon ça va me faire un traumatisme, les gars.

(Mais bon je suis toujours la plus chanceuse du monde d'avoir Youguette comme meillleure potine même si elle est dans un tréloindistan de la blague. (Mais quand même Youguette tu vas me manquer puissance 4000 ou environ. ))


Un jour, c'était en 2001, on était dans un bus, on allait dans le milieu de la France, j'étais avec Lydie et une très petite demoiselle (elle avait pas fini sa croissance à l'époque ou elle est toujours très petite ?) est venue nous voir pour nous demander si elle pouvait partager notre chambre pendant le voyage.
C'était la meilleure idée du monde, au moins.


4 commentaires:

  1. oh, j'en suis toute boulversifiée ! Ca c'est de l'article ! J'ai envie de dire : "l'amitié, what else ?"

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  2. Oh lala, tu m'as donné envie de chouiner ... C'est vrai que ça va faire bizare quand elle sera plus là pour dire des trucs marrants, et pis qui c'est qu'on va enquiquiner toutes les deux minutes à propos de sa petite taille ?
    C'est vrai qu'elle sera plus la porte à côté, mais bon, il reste le téléphone, les mails, les cartes postales aussi. Courage !

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  3. C'est malin, tu m'as fait pleuré Ginette, en plein milieu du canapé familial. Tu vas tellement me manquer, puissance 4000 multipliée par 4000.

    Moi aussi j'vais faire dans l'évocation de souvenir. J'pense pas que je t'en ai déjà parlé mais pourtant il m'a super marquée.

    Une fois, je sais pas si tu t'en souviens on était en seconde je crois, c'était à midi, à la cantine de Poinca, on festoyait à 4 ou 5. Je sais plus trop qui était les autres personnes, tout ce que je sais c'est qu'à un moment, on s'est mis à parler de l'amitié et tout et tout, et quelqu'un t'a demandé qui était ta meilleure amie. Alors tu as fait un signe de la tête vers moi ou peut-être un signe du pouce^^, fin un truc discret. J'me souviens avoir relevé la tête et m'être demandée si j'avais rêvé ou si tu m'avais bien désignée. Intérieurement, j'étais genre bouche bée.
    A l'époque j'étais persuadé que t'allais répondre Lydie (j'étais un peu jalouse d'elle je crois comme également d'un peu de chacune de tes amitiés monomaniaques^^ à des degrés différents).
    Ensuite, j'me suis sentie soudain super heureuse de savoir que j'étais aussi importante pour toi que tu l'étais pour moi. Et aussi super fière !
    C'était la première fois qu'on parlait de notre amitié en vis à vis, on était pas du genre super expensive sur le sujet.

    Et quand l'instant d'après, les autres se sont tournées vers moi dans l'attente de ma réaction, j'ai dit, de l'air le plus naturel au monde que j'ai pu trouver, un truc du genre "Ben oui, c'est pour ça qu'on est toujours ensemble".

    Foutue timidité quand tu nous tiens. J'ai répondu comme si tout ça était une conversation tout à fait anodine et dont les réponses coulaient de source, alors que tu venais de me faire une déclaration d'amitié que je n'oublierai jamais.
    Notre amitié est la plus belle des relations que j'ai construites jusqu'à présent. Et pour tout ça et plus encore, merci.

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  4. Fichtre même les réponses me boulversifient maintenant...

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