dimanche

De la logique bourguignonne.

Hier avec Jean-Caillou on a fait un reportage de terrain et on a testé pour toi : les transports en commun bourguignons.

Spoiler alert : ils ont pas été livrés rayon logique.

C'est-à-dire qu'on était à Dijon pour une activité essentielle (faire du shopping à Primark) et on devait rejoindre Beaune. On avait le choix entre y aller à la force du pied ou y aller à la force du transport en commun, et le suspens est pas intersidéral, on a choisi les transports en commun (surtout qu'il doit y avoir 40 bornes entre les deux bleds, et on marche pas à la vitesse du TGV).

Déjà, la première étape fut de trouver l'arrête de tram, et là bon c'était facile, on a suivi les rails jusqu'à tomber sur un arrêt, et après on s'est mises du côté où y'avait le plus de gens qui attendaient et bim bam boum affaire rondement menée.

Là on devait acheter des tickets, et c'est là que la logique commence à faire défaut : pour un ticket, ça coûtait 1.5€, et pour deux, 2.7€. 
Mais bon ils apprennent pas la table de deux à l'école en Bourgogne, aussi, c'est pas de leur faute !

On a payé et finalement nos tickets sont arrivés, sauf qu'en fait y'avait un seul ticket ! 
Et là je voudrais pas trop que tu nous prennes pour des neuneues en chef alors voici l'explication qui va bien : en fait quand tu achètes un ticket ils te filent un super-ticket en super-carton rechargeable (mais tu peux pas le réutiliser si tu le plies ou si tu le déchires, et figure-toi qu'au bout d'une heure dans ma poche il était tout plié alors je pourrai pas le réusiter si je retourne à Dijon et c'est bien funeste). Et après si tu achètes d'autres tickets, bah ils les mettent tous sur le super-ticket en super-carton donc ça coûte moins cher à partir du deuxième, vu que tu payes le super-ticket en super-carton qu'une seule fois.
Tu saisis cette subtilité de fifou ?

Finalement le tram est arrivé et on était en mode "non mais ça se trouve il faut un super-ticket en super-carton par personne et là j'ai juste deux tickets pour moi et toi t'en as pas" et autres considérations (mais on est des touristes alors on a le droit de se tromper).
Mais le composteur nous a bien vite rassurées : c'était un machin high-tech avec un écran tactile, tu devais lui présenter ton super-ticket en super-carton, et là l'écran te demande "combien d'humains voyagent avec vous, mon brave ?" alors tu lui dis un (mais si t'es tout seul tu lui dis zéro, enfin t'as saisi l'idée) et alors il te répond "ça roule ma poule, revalide ton ticket une fois pour voir", alors tu lui remontres encore une fois ton super-ticket en super-carton et après ces vingt-huit manipulations tu peux enfin aller t'asseoir.
(Alors que je sais pas pour toi, mais à Nancy, si t'es un tu valides ton ticket une fois, si t'es deux tu le valides deux fois (ou tu valides une fois deux tickets différents, tu as ton libre-arbitre), le composteur a pas besoin d'une préparation psychologique.)

Après cette formidable épopée on est arrivées toutes pimpantes à la gare de Dijon, prêtes à acheter nos billets pour poursuivre notre périple, et après avoir marché vingt-huit jours on est enfin tombées sur une machine qui donne des tickets, youpi youpi yeah.

Alors on demande à la machine à tickets un billet pour aller à Beaune, et figure-toi mon pauvre vieux, que ça coûtait huit euros ! HUIT !
On était blasées, quoi.

Mais comme on a un talent d'observatrices indéniable, on a découvert que la machine proposait un tarif "samedi malin", et on s'est dit "on est samedi, on est malignes, allez on tente !"
On a tenté et ça coûtait 3.6€. Au lieu de 8 !

Alors on a pris nos tickets malins, on est allées gentiment attendre le train-train, mais comme on était en avance on est allé attendre dans la salle prévue à cet effet, et à un moment Jean-Caillou, gagnée par l'ennui, a jeté un oeil à son ticket, et c'était écrit "blablabla samedi malin ça marche pas pour tous les trains, checke Internet pour plus d'infos".

Ma première réaction fut bien évidemment "on s'en fout on est des touristes, on a le droit de se tromper" (la base) mais finalement prises par la curiosité (et l'attente longuette) on est allé checker Internet, qui nous sort une liste de trains dans lesquels on a le droit à samedi malin, et bim y'avait pas le notre (enfin y'avait pas écrit Dijon-Beaune noir sur blanc, après on connaît pas tous les lignes de train bourguignonnes) et nous fûmes désemparées.

C'était sans compte sur la ligne suivante, intitulée "exemple pour les neuneus" : "si je prends le train Dijon-Beaune avec samedi malin, je paye 3.6€ et les péquins qui m'accompagnent payent seulement 1.8€".

T'imagines bien, on était mi-contentes "youhou on a droit à samedi malin", mi-pas-contentes "pouah on s'est fait arnaquer d'1.8€ !"
Mais bon nous relativisâmes bien vite, vu qu'à la base on était censées payer 8€ par billet, on a fait une affaire en or. Enfin peut-être pas aussi précieux que de l'or, mais une affaire en cuivre au moins.

Mais bref, toute cette histoire d'achat de tickets nous a appris qu'en Bourgogne ils aiment pas les gens seuls, dès que tu voyages à deux limite ils te donnent des sous pour que tu payes moins.

Finalement la dame du haut-parleur a dit que notre TER allait arriver donc on était dans les starting-blocks, et c'est là que l'absence de logique bourguignonne nous a frappées de plein fouet : notre TER, soit Train Express Régional, il faisait le trajet de Paris-Bercy à Lyon.

De Paris à Lyon. Le train régional !

Mais c'est pas une région ça, c'est la moitié de la France ! 
C'est comme si on avait un train Nancy-Clermont-Ferrand (enfin personne souhaiterait aller à Clermont-Ferrand, mais tu vois ce que je veux dire) !

Et non content d'être pas régional, le train s'est arrêté un peu moins de dix minutes à la gare de Dijon. Mais c'est pas express ça ! Express c'est on s'arrête huit secondes et si t'as pas le temps de monter dans le train bah accroche-toi à l'arrière et roule jeunesse !

Donc on est montées dans le TPEPR (le train pas express pas régional, non mais il faut tout t'expliquer !) et on est parvenues saines et sauves à Beaune, où on a rejoint comme des pros le point de ralliement malgré l'absence criante de 3G (et je te parle même pas de la 4G) et donc de Google Mapsitude (mais on a le talent ou on l'a pas, nous on l'a quoi).

Et après on a pu cesser de s'affoler pour tous ces histoires de transports illogiques vu qu'on a rejoint des humains voiturisés donc tout est bien qui finit bien (et j'ai un nouveau collier au poil).

On a même vu un coin de ciel bleu au moment où on visitait les hospices, si c'est pas formidable.


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