La menteuse en carton.

Aujourd'hui, attention, instant confession : des fois, je dis des mensonges.

En général pour échapper à un truc pour lequel ma motivation avoisine la température des hivers rigoureux sur Uranus (j'espère qu'il fait vraiment froid sur Uranus, sinon ma métaphore est mal barrée).
Genre "zut alors, j'ai oublié de mettre mon réveil hier soir et maintenant j'ai raté le train pour aller à mon super cours de huit heures, ohlala" ou tu vois l'idée.

Mais bon, que celui qui n'a jamais péché me jette le premier caillou (non je plaisante, j'suis sûre qu'il y a des gens vertueux dans le coin et j'ai pas envie de finir lapidée (remarque je serais raccord pour travailler à la cathédrale cet été (parce qu'elle est dédiée à saint Etienne (qui a été lapidé (faut tout t'expliquer c'est dingue))))).

Mais alors quand j'étais petite, je mentais plutôt pour me sortir des situations honteuses. Et heureusement que j'avais pas à l'époque conscience de la médiocrité de mes mensonges, parce que sinon je serais vite allée m'enfermer dans une grotte jusqu'à la fin du monde pour plus avoir à affronter le regard de l'humanité.

(Non mais par exemple, une fois j'ai eu une punition en primaire (j'avais traité mon voisin de tapette (dans ma tête je venais de le comparer à une tapette à mouches, c'est beau la neuneuserie), je devais recopier le texte d'une fiche de lecture et j'ai dit à ma mère que j'avais tellement aimé l'histoire que je voulais le recopier pour en garder une copie. Vise la crédibilité.)

Et comme je sens bien que tu es toujours motivé pour te moquer des enfants (alors que franchement c'est pas joli-joli), je vais te narrer le jour où j'ai sorti le mensonge le plus minable de la création (par contre je garantis pas à 100% que je l'avais jamais raconté ici, tu sais avec l'âge la mémoire c'est plus ce que c'était).

Une fois par an, c'est un peu la fête au village, la fête foraine s'installe à Dombs pour quelques jours (j'ai une passion pour les pinces attrape-peluches, alors les fêtes foraines c'est mon dada).
Bon c'est pas le truc transcendant, en général y'a un manège d'auto-tamponneuses (l'autre fois j'ai appris que dans des contrées reculées (en Moselle) ils appellent ça des "autobox", ils sont bizarres ces gens) et un manège pour les enfants, et c'est tout (bon y'a aussi une pêche aux canards et un marchand de bonbons, ça fait pas 2m² non plus).
Mais alors une année, quand je devais avoir huit ou neuf ans, c'était la fête dans les chaumières, je sais pas ce qu'il s'est passé mais y'avait plusieurs attractions, un truc de fou !

Y'avait notamment une chenille (tu sais le manège où t'es dans un compartiment deux personnes et ça tourne en rond très vite et des fois whou la folie ça va à l'envers) et UNE MAISON HANTÉE.

Je t'ai déjà dit que je suis une flippette ?

Vévé m'avait emmené à la fête foraine, et bon c'était pas de bol pour lui, il pleuvait pas mal (c'est la Lorraine en même temps (que je suis mauvaise langue, aujourd'hui y'a du ciel bleu)) et quand il m'a payé un tour de chenille, on m'a offert un tour gratuit. Du coup il a passé dix-huit ans sous la pluie à attendre que le manège arrête de tourner en rond. 

Mais c'est pas de ça que je voulais te parler.

Après la chenille, j'ai vu la maison hantée (une où tu fais le parcours à pied, pas dans un wagonnet, faut pas pousser non plus) et donc je lui ai demandé si on pouvait y aller.
Il a acquiescé et est allé acheter une entrée.
UNE entrée.

Genre son plan c'était de m'attendre pendant que je faisais le tour de la maison hantée toute seule.
 

Je t'ai déjà dit que je suis une  flippette ?

Donc je suis allée dans la maison hantée. Et tu m'aurais dit qu'au bout du chemin j'allais être guillotinée, j'y aurais pas mis moins d'enthousiasme.
Mais bon j'avais honte de dire que j'avais trop peur alors j'y suis allée vaille que vaille.

J'ai bien fait dix mètres dans l'attraction avant de me figer de terreur (il faisait noir avec de la peinture fluo sur les murs, l'angoisse quoi (...)) et de plus pouvoir avancer un centimètre de plus sous peine de faire une crise cardiaque foudroyante.
Et là, miracle, j'ai entendu des gens entrer dans l'attraction, une gentille petite famille, et je me suis dit que c'étaient mes sauveurs ! "Tiens je vais leur demander si je peux faire le tour avec eux, comme ça j'aurai pas peur". Sauf que, je suis une grande flippette, au risque de me répéter.
Donc j'ai pas osé leur demander quand ils sont passés à mon niveau.
Et j'ai pas osé les suivre non plus.

Donc au bout de mille ans de délibérations internes, j'en suis arrivée à la conclusion qu'il fallait que je fasse demi-tour.
La partie que j'avais déjà faite, elle était sûre, je savais que j'allais pas faire me prendre une hache en plein coeur ou me faire agresser par un loup-garou, tu comprends.

Donc j'ai rebroussé chemin, mais forcément, au lieu de sortir de l'attraction par la sortie je me suis pointée par l'entrée, et Vévé a bien remarqué le truc.

Du coup, le plus naturellement du monde (vise l'actor studio), je lui ai dit "bah oui, c'était tellement bien, j'ai décidé de le refaire dans l'autre sens !"